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    Je te connais un peu, tu sais. Avant de voir ton front libre, je sens que tu respires la vie. Un rien de soleil et tu éclates de rire. Tu ne dis rien, le bonheur pourrait s’échapper. Tu n’as plus peur quand tu sais que les enfants sont à l’abri. Je te connais un peu aussi toi qui souffre d’une mélancolie mystérieuse. Un rien de lune t’habille.

    Tu te rappelles de la femme qui faisait sécher son linge dans la clairière de ses origines. Son mari coupait du bois  pour la famille du châtelain. Nous connaissions ce grand garçon qui passait toujours à côté des larmes. Je ne suis jamais retourné dans ce petit cimetière où il repose pour mieux revenir dans la lumière. Les souvenirs sont venus bien longtemps après la grande faim. Nous n’avions nulle part pour nous cacher. Ils avaient volés nos secrets et nos grandes écharpes de ciel.

    Tu me connais dis-tu ?

    Mais nous sommes des milliards comme moi, à chercher un peu de sens pour ne pas partir bredouille. Je te connais un peu, toi qui vit au pays des hommes, au pays de l’eau et du blé. Demain nous chanterons les déserts et les grandes nuits. Nous apprendrons alors  à nous reconnaître…

    pour ne pas revenir bredouille

    Il nous faut beaucoup devenir pour rester à peine meilleur, plus digne pour forger notre destin et apprendre encore et encore à nous connaître pour de bon…

     

    Je te connais un peu  toi qui cherche le chemin du petit jardin de Germaine, de Julienne, de tous les autres que nous aimions tant. Ce petit jardin sucré  qu’ils  entretiennent toujours , bien plus loin, bien au-delà de nos jeunes  limites….

     peinture Rinat ANIMAEV


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     un vertige

     le silence qui guérit

    hors du temps

    tu es mon exigence

    seule vision de l'inconnu

    bienvenue


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  • Par le chemin dessiné et la route des hommes, inconnue

    les âmes travaillées, aux esprits se rendent, perdues,

    Le sage ignorant, lui ne pense pas à mal,

    Il caresse à ses pieds, son fidèle animal

    ni aux extravagants consentements

    il s'attache aux cimes dans le vent

    simple infini, simple existence,

    il est assis sur le doux et connaît sa chance

    le mystère pour toute nature

    l'univers ou l'exacte mesure

    laissant  néant, chaos et  complexe

    mourir les océans et les arbres circonflexes

    il regarde pendant qu'il est temps

    le forsythia en fleurs avant qu'il ne fût.





    vagabondage


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  • allongés

    comme pain sans levain

    comme la rage qu'on a éteint petit à petit

    allongés

    comme un amour sans faim

    allongés

    jusqu'au dernier cri

    alors

    un homme se lève et dit

    " Ca suffit !"

     


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  • La rue des faussaires, elle est un peu attrape-couillons, c'est le  bon papier ou l'écran de fumée qui la rend légendaire. Elle prétend plus qu'elle ne sait faire. Quand on la prend à l'envers, les ombres sortent à peine têtes et derrières. Elle monte dans les quartiers hauts bourgeois et traîne un silence qui dans ton dos, te glace à chaque pas. On dirait que le monde s'est retiré là, las de tout et tout de rien. Rien que du chic, de l'arrogance, de l'ennui et des arbres que personne n'admire plus. On n'entre pas, on ne l'habite pas, on y passe rue des faussaires et c'est tout. C'est tout fermé comme de plus en plus de villes et de pays, à l'abri de leurs banques et de leurs assurances à l'audace navrante. Pas une âme qui se déloque ! Pas une dame qui joue du pébroque. C'est bien par hasard que je me suis perdu en son sein, coincé entre deux grands boulevards ! Les gris sont réunis derrière les grandes portes de chêne. Tu imagines dans les salons aux épais tapis moelleux rouges et or, les fins de conversations et les chutes pour rien. " Je vais travailler mon discours que je dirai au siège du peuple", à 'assemblée quoi, pour que ça tombe pile à la retransmission des débats et faire face. Face à bitume, tu regardes tes pinceaux dans cette rue pavée plus qu'il n'en faut. C'est sa spécialité le pavé, à la rue des faussaires. pavé de bonnes intentions, pavé à la sauce bourguignonne, pavé sans diligence, pavé privé à tout prix. C'est minimal l'air qui suinte des feuilles des hêtres, plantés là. On ne respire pas, on expire ; c'est te dire. Dans la petite cuisine d'un rez de jardin, tu aperçois le sanguin bedonnant qui tourne autour de la cuisinière aux bras chargés. Réduit aux vaines addictions, sans le verbe, il tourne sans façon, la veine grossie , tu la vois grossie et la jeune femme quitter la maison du politique pour se rentrer et se tapir en lointaine banlieue avec des écouteurs jusqu'à son paillasson. c'est un pays de peu.

    La rue des faussaires a une cousine insignifiante qui parade au motif que le banal permet de voyager tranquille, sans risque de se faire agresser, ni de se faire jeter aux crues  questions posées.

    Les autres rues se vident.

    Pendant cet écoulement mes amis  citoyens consomment les émouvants, les dérangeants, les bouclants, les humanisants, les boutiquants, les délectants, les touristiquants ....

    et au soir couchant, se couchent sans rage ni tourment.

    (essai)

    rue des faussaires

     


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