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Mer, douceur automnale - Alexis Zorba - Nikos Kazantzaki
Mer, douceur automnale, iles baignées de lumière, voile diaphane de petite pluie fine qui couvrait l’immortelle nudité de la Grèce. Heureux, pensai-je, l’homme à qui il a été donné, avant de mourir, de naviguer dans la mer égéenne.
Nombreuses sont les joies de ce monde – les femmes, les fruits, les idées. Mais fendre cette mer-là, par un tendre automne, en murmurant le nom de chaque île, je crois qu’il n’est pas de joie qui, davantage, plonge le cœur de l’homme dans le Paradis. Nulle part ailleurs on ne passe aussi sereinement ni plus aisément de la réalité au rêve. Les frontières s’amenuisent et des mâts du plus vétuste des bateaux s’élancent rameaux et grappes. On dirait qu’ici, en Grèce, le miracle est la fleur inévitable de la nécessité.
Vers midi, la pluie avait cessé, le soleil déchira les nuages, se montra doux, tendre, tout frais lavé, et caressa de ses rayons les eaux et les terres bien-aimées. Je me tenais à la proue et, jusqu’au fond de l’horizon, je m’enivrais du miracle.
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