le temps d'être entier dans son passé, présent et futur, juste complet.

Verdi dans le jardin du père verdit mes souvenirs d'enfance et appelle le printemps.

Que ce petit coin est beau

Je me surprends souvent à dire cette phrase au coin d'une rue, près du prunier déjà en fleurs, d'un coin de bois à l'abri des sauvages, au coin d'un instant amoureux. " Que ce coin est beau et au loin, le canon gronde.

Je me surprends, c'est un peu faux, je me suis presque habitué à me dire tout haut ce ce que je pense tout bas. J'entends aussi  tout haut les cris et les fracas. Je prends alors à témoin  les morts qui sourient de me voir dans cet état.

Que ce coin est beau, on est beaucoup à se dire cela ! Le tien, j'imagine est couvert de dahlias. Tu vois, L'homme en pardessus est amoureux d'une plage de rires au bas de son immeuble. J'en connais une, qui a fait du vent, une contrée tout à elle. Je sais qu'un autre a des souvenirs aussi beaux qu'un colibri en vol stationnaire. Lui, ce sera le sourire de la boulangère, le soir quand il rentrera de sa harassante journée numérique, diabolique, pleine de fric. Elle, ce sera, le billet doux sur son smart-phone, toujours prêt à vibrer H24.

Les petits coins de bonheur soignent le temps qui ne pense qu'à se tirer... Je pense à ton visage. Que ce coin d'amour vous embrase le cœur. Avec vous.

Il pleut.

Entre les tâches ménagères , les balles jaunes et le présent à nos côtés, le jour termine sa course. Le cœur  entrouvert  sourit aux passants. En haut, on entend une conversation d'ados qui refont le monde et leurs listes de textes pour le bac de français.

Il y a  des poètes, des souvenirs, des joies. Il y a le moment jouissif où les mots se glissent sur la feuille. Il y a ce grand monde qui ne sait pas encore ce qu'il va devenir.

J'aime bien finalement que l'on se retrouve petit à petit, avec des petits signes en noir et en couleur. C'est drôle de se croiser sur d'autres rives et sous les hautes herbes des plaines humaines.

Il pleut. Même pas gave !